Combler l’écart entre les éleveurs et les consommateurs est essentiel pour faire progresser les soins aux animaux d’élevage

(Ottawa) le 30 oct. 2013 : Un dialogue ouvert, des innovations pilotées par la science et le soutien tangible de la chaîne de valeur sont indispensables pour que l’agriculture canadienne puisse aborder les défis actuels entourant les soins aux animaux d’élevage, disent les conférenciers de la Conférence nationale 2013 sur les soins aux animaux d’élevage à Ottawa.

Les consommateurs sont plus déconnectés de l’agriculture que jamais, mais ils ont néanmoins des opinions tranchées sur la manière dont les aliments sont produits, dit Crystal Mackay, directrice générale de Farm & Food Care Ontario. « Nous devons engager une conversation franche et positive avec les Canadiens, comme si nous étions assis ensemble devant un café, ajoute-t-elle. L’agroalimentaire n’est pas d’habitude un enjeu prioritaire qui garde les consommateurs éveillés la nuit. Mais leurs attitudes et leurs perceptions au sujet de l’agriculture ont un impact croissant sur ce qu’ils achètent et sur la confiance qu’ils placent en nous pour gérer notre secteur. Avant qu’une préoccupation ne devienne un problème majeur, il vaut beaucoup mieux soutenir un dialogue sain et nous faire comprendre de façon positive. »

Miser sur nos valeurs communes est une bonne approche, selon Jeff Spooner, chercheur en sciences sociales à l’Université de la Colombie-Britannique. M. Spooner a dirigé un projet plurilatéral de plusieurs études qui a fait appel à des entretiens en profondeur avec des producteurs et des non-producteurs de sept provinces pour cerner et approfondir leur compréhension de ces principes communs.

« On ne peut pas s’attendre à ce que les gens hors du secteur agricole comprennent entièrement le bien-fondé des différentes méthodes de production du bétail et de la volaille, dit M. Spooner, mais comme le confirment nos études, ils ont des valeurs en commun avec les producteurs. Ces valeurs peuvent former la base d’un dialogue et d’une compréhension mutuelle et permettre de cerner les pratiques susceptibles d’être acceptées par les deux groupes. Bien que certaines opinions du public soient interprétées comme étant idéalistes par les producteurs, nous avons des preuves manifestes que l’idéalisme du public peut facilement accommoder le réalisme. Les non-producteurs connaissent mal les méthodes de production contemporaines, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne sont pas prêts à en savoir davantage ni à ajuster leurs perceptions. »

Les valeurs ont un rôle puissant à jouer en situation de crise, dit Jeff Ansell, consultant en relations avec les médias et en communications de crise. « La prévention est évidemment la meilleure solution à n’importe quelle crise, mais quand une crise surgit, les grands principes ne changent pas : il faut faire la bonne chose et communiquer ouvertement. Sachez quelles sont vos valeurs et manifestez-les dans vos actions. »

La confiance repose aussi énormément sur un engagement envers l’amélioration continue selon Ed Pajor, professeur en comportement et bien-être animal à la Faculté de médecine vétérinaire du Département de la santé des animaux de rente de l’Université de Calgary. Dans le domaine des innovations pilotées par la science, cela signifie qu’il ne faut pas uniquement soutenir la recherche, mais appliquer les solutions pratiques qui en découlent dans les meilleurs délais.

L’évaluation et la prise en charge de la douleur sont l’un des domaines où la recherche a beaucoup progressé ces dernières années et où il faut maintenant traduire ces progrès par des changements pratiques, ajoute M. Pajor. « Il y aura toujours plus de choses à apprendre et des moyens plus précis d’évaluer la douleur. Cela ne veut pas dire que nous devrions attendre que tout soit parfait avant de faire quoi que ce soit – surtout qu’il existe des solutions relativement simples à appliquer, qui ne nécessitent pas des investissements d’infrastructure majeurs. L’agriculture ne peut pas se permettre de projeter l’image d’être trop lente à évoluer. Pour des raisons de bien-être animal, les gens s’attendent à ce que les producteurs adaptent leurs pratiques plus vite que jamais auparavant, et nous devons considérer ces situations comme des occasions à saisir. »

Cependant, même avec les nouvelles connaissances scientifiques, il reste des problèmes difficiles à surmonter. La situation économique dans l’industrie complique énormément la mise en œuvre des changements lorsque ceux-ci améliorent le bien-être animal, mais ne sont pas viables pour les producteurs, selon Catherine Scovil, directrice exécutive associée du Conseil canadien du porc. Le logement des truies est l’un de ces problèmes difficiles dans l’industrie porcine. « La question du partage des coûts est un point sensible pour l’industrie; les éleveurs ne devraient pas avoir à assumer les coûts à eux seuls. Nous en discutons avec les détaillants, les entreprises de services alimentaires et les gouvernements, mais jusqu’à maintenant personne n’a mis d’argent sur la table pour aider à payer la note. »

Dans un cas comme celui-là, le dialogue et la collaboration seront essentiels, non seulement en ce qui concerne la dynamique entre l’industrie et le public, mais à l’intérieur même de la chaîne de valeur, dit Mme Scovil. « Nous devons aborder la question, car les conversions forcées pousseraient des éleveurs à quitter l’industrie. Personne n’a intérêt à ce que les exploitations canadiennes ferment et à ce que les produits importés prennent le relai. Ce n’est pas l’objectif du code. » 

L’édition 2013 de la Conférence nationale sur les soins aux animaux d’élevage à Ottawa a attiré 140 participants de la chaîne de valeur agroalimentaire et d’autres personnes s’intéressant aux soins aux animaux d’élevage. L’hôte de cette conférence était le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE). Pour en savoir davantage, visitez le site www.nfacc.ca/francais.

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Renseignements :

Jackie Wepruk, directrice générale et coordonnatrice du projet, Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage, tél. : (403) 783-4066, nfacc@xplornet.comwww.nfacc.ca/francais

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