Faits saillants de ce que les acteurs doivent savoir au sujet des connaissances scientifiques qui ont étayé la nouvelle version du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des moutons

Le processus d’élaboration du code de pratiques est coordonné par le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE), le chef de file national en matière de soins aux animaux d’élevage au Canada. Le CNSAE réunit des producteurs et d’autres représentants du secteur agroalimentaire, des groupes voués au bien-être des animaux, des agences d’exécution ainsi que le gouvernement en chapeautant un modèle de prise de décisions concertées pour faire progresser le bien-être des animaux d’élevage.

Pour plus de détails sur le CNSAE, visitez le site www.nfacc.ca. Pour les acteurs, l’une des choses importantes, lorsqu’il s’agit de comprendre la base de connaissances qui sous-tend la version préliminaire du Code pour les moutons, est de comprendre les résultats de l’examen du Comité scientifique, qui a joué un rôle vital dans le processus d’élaboration du code.

Le présent Résumé : La science du Code pour les moutons est un outil de transmission de ces connaissances. Il présente les faits saillants du rapport du Comité scientifique sur les questions de bien-être prioritaires.

La version intégrale du rapport d’examen du Comité scientifique, ainsi que d’autres informations sur tous les aspects du Code pour les moutons et sur le processus d’élaboration du code, sont disponibles sur le site www.nfacc.ca/codes-de-pratiques/moutons.

Résumé : La science du Code pour les moutons

Sept grands domaines de connaissances

Ces domaines ont été définis comme étant les questions clés propres au bien-être des moutons qui se prêtent à un examen des travaux scientifiques publiés.

Méthodes de manipulation et de gestion stressantes

L’un des aspects importants du bien-être des moutons est de trouver des façons de réduire le stress que vivent ces animaux avec les méthodes de manipulation et de gestion ordinaires.

Ce que dit la science. Selon la science, un grand nombre de méthodes communément utilisées peuvent être stressantes pour les moutons, mais il existe d’importantes possibilités d’élaborer des stratégies améliorées pour atténuer ces réactions de stress.

À titre d’exemple, les études montrent que les moutons sont sensibles aux mouvements soudains, à l’inconnu et à la prévisibilité de leur environnement et se créent des attentes à l’égard des événements et des conséquences de ces événements; tout ceci a des répercussions sur leurs réactions de stress et leur bien-être global.

Pour réduire les réactions de stress, on peut par exemple utiliser des stratégies qui consistent à :

  • Recourir au renforcement positif durant la manipulation ou les interventions.
  • Familiariser ou habituer les moutons à l’aire de manipulation.
  • Faire preuve de « gentillesse » – par exemple, le fait d’habituer le mouton à la présence d’une personne debout à côté de lui, de lui parler et de le flatter de la main réduit sa peur lorsqu’il est en contact avec des humains pour différentes interventions.

Agnelage accéléré

L’agnelage classique a lieu une fois par année au printemps. Toutefois, un nombre croissant de producteurs ont adopté des systèmes d’agnelage accéléré qui facilitent une mise bas plus fréquente – tous les sept ou huit mois, par exemple.

Ce que dit la science. Les études font état de plusieurs effets potentiellement néfastes de l’agnelage accéléré sur le bien-être des brebis et des agneaux. Cependant, ces effets ne sont que « potentiellement » négatifs; il faudrait pousser la recherche pour en arriver à des conclusions définitives.

Trois motifs de préoccupation possibles pour le bien-être se détachent dans l’ensemble. Le premier, qui concerne les agneaux, est le poids de naissance potentiellement plus faible en automne ou en hiver qu’au printemps. Le deuxième, qui concerne les brebis, est la réduction de la période de rétablissement post-partum et post-lactation. Le troisième grand motif de préoccupation, tant pour les brebis que pour les agneaux, est que l’agnelage accéléré peut exiger des modifications aux mesures de contrôle sanitaire afin de réduire les risques de maladies.

Néanmoins, en partie à cause du manque d’études, au bout du compte il y a actuellement peu de preuves scientifiques que les moutons pâtissent davantage, du point de vue de leur bien-être, d’un système accéléré que du système classique.

Le comité souligne fortement le besoin d’études faisant l’évaluation comparative complète des conséquences des deux systèmes pour le bien-être. Entre-temps, une analyse des problèmes de bien-être potentiels associés au système accéléré montre que bon nombre de ces problèmes peuvent être évités par une gestion plus serrée.

Méthodes d’euthanasie dans les élevages

Il est parfois nécessaire d’euthanasier des animaux dans les élevages pour les empêcher de souffrir.

Ce que dit la science. Lorsque nous avons évalué les méthodes d’euthanasie possibles, l’important a été d’identifier les méthodes rapides, causant le moins possible de stress et de douleur et entraînant une perte de conscience et une mort rapides sans que l’animal reprenne conscience.

Selon les études, lorsqu’elle est employée correctement, l’utilisation d’un pistolet à cheville pénétrante suivie par l’exsanguination (la saignée) ou l’énuquage satisfait à ces critères. Le pistolet à cheville pénétrante n’est conçu que pour étourdir le mouton sans nécessairement le tuer. Utilisé correctement, il entraîne une perte de conscience immédiate; cependant, il peut être difficile de positionner avec précision le pistolet sur la tête.

Important : selon la science, le recours à l’exsanguination seule, sans étourdissement préalable, peut être associée à la douleur et à la détresse; de plus, cette pratique ne satisfait pas à l’exigence de la perte de conscience immédiate.

Comme il est inhabituel d’abattre les moutons destinés à la consommation humaine par un coup de feu, cette méthode a été moins étudiée que l’étourdissement au pistolet à cheville pénétrante. Toutefois, selon le peu d’études qui existent, si le coup de feu entraîne des lésions cérébrales suffisantes, la perte de conscience et la mort surviennent rapidement sans que l’animal reprenne conscience.

Bien que les études montrent qu’un traumatisme contondant puisse causer des lésions cérébrales importantes chez les agneaux, nous n’avons trouvé aucune évaluation de l’efficacité d’un traumatisme contondant comme méthode d’euthanasie des jeunes agneaux.

Types de revêtements de sol

Les types et l’état des revêtements de sol sont un autre facteur important qui a des conséquences sur le bien-être des moutons. Ces animaux sont souvent élevés dans en pâturage extensif ou dans des parcs d’élevage, mais dans certaines situations et certains environnements, ils sont gardés à l’intérieur durant l’hiver ou toute l’année.

Les bâtiments en question peuvent avoir différents types de revêtements de sol, et des problèmes de bien-être peuvent être liés à ces options de revêtement.

Ce que dit la science. Il y a peu d’études sur les effets des revêtements de sol sur le bien-être des moutons. Les conditions humides et chaudes (plutôt que sèches et chaudes ou humides et froides) peuvent accroître le risque de piétin. Les surfaces dures peuvent user les onglons et prédisposer les animaux à l’arthrite comparativement aux surfaces plus molles. Il n’y a pas suffisamment d’études sur les effets du type de sol sur les risques de lésions aux trayons et de mammites chez la brebis pour que nous ayons des données fiables à ce sujet.

Soins néonatals, y compris le sevrage

La période de la naissance au sevrage, critique pour la santé et le bien-être des brebis et des agneaux, présente des défis particuliers. Les principaux sont le potentiel de dystocie (naissance difficile), les risques pour la survie des nouveau-nés, les inconvénients associés à l’allaitement artificiel et le processus de sevrage proprement dit.

Ce que dit la science 

Dystocie. La dystocie accroît le risque de mortalité de l’agneau et peut retarder la manifestation de comportements importants, comme la tétée. Le risque de dystocie dépend de facteurs comme la race, le poids et le nombre des agneaux.

Survie des nouveau-nés. Le taux de mortalité des agneaux varie beaucoup en raison des grandes différences d’envergure et d’approche entre les systèmes de production et des nombreux facteurs en jeu.

En pâturage extensif, la majorité des décès d’agneaux sont imputés à la dystocie (naissance prolongée ou difficile) ou au complexe famine-comportement maternel inadéquat-exposition.

Un apport en colostrum fournit de l’énergie qui rend les agneaux nouveau-nés moins sujets à la mortalité par temps froid; si le colostrum est ingéré dans les 24 heures qui suivent la naissance, l’absorption d’anticorps par les intestins peut réduire le risque de mortalité ultérieure due à une maladie infectieuse.

Un poids de naissance optimal accroît les probabilités de survie. Les petits agneaux sont souvent plus faibles à la naissance, ce qui réduit leur capacité d’obtenir suffisamment de lait de leur mère et les prédispose à la maladie et à la famine. Bien que, chez les agneaux lourds, le risque de décès au cours des 24 premières heures est plus élevé en raison du plus grand risque de conséquences de la dystocie, le risque de mortalité ultérieur est plus faible que chez les petits agneaux.

Allaitement artificiel. Il y a relativement peu d’études sur les conséquences de l’allaitement artificiel pour le bien-être. Il existe certaines indications selon lesquelles il est bon pour les agneaux d’être élevés par leur mère, car ils ont ainsi les avantages du comportement maternel et d’une tétée normale.

Quand les agneaux sont séparés de leur mère, ils peuvent éprouver un stress émotionnel.

Sevrage. Le sevrage naturel se déroule généralement lentement; la brebis empêche complètement l’agneau de téter entre 125 et 160 jours après la naissance, avec certaines variations selon le niveau de protéines dans le régime et la race ovine. Ce sevrage naturel du lait ne s’accompagne pas, en général, de la séparation sociale immédiate associée au sevrage artificiel.

Selon les données scientifiques disponibles, une date de sevrage proche de celle du processus naturel est généralement préférable du point de vue du bien-être. Par exemple, un sevrage abrupt à tout âge antérieur au sevrage naturel est susceptible de causer du stress, mais les réactions de stress des agneaux sevrés 50 jours après la naissance sont plus importantes que celles des agneaux sevrés à 100 jours.

Le lien naturel entre la brebis et l’agneau s’atténue à mesure que l’agneau vieillit, ce qui donne à penser qu’un sevrage plus tardif cause moins de stress à la brebis et à l’agneau, mais les études à l’appui de cette hypothèse sont rares. Le sevrage avant 28 jours nécessite que l’on accorde une attention particulière au régime de l’agneau, dont le rumen n’est pas entièrement développé.

Interventions douloureuses

L’examen des études scientifiques a porté sur plusieurs interventions ordinaires potentiellement douloureuses pour les moutons, en particulier la caudectomie, la castration et l’étiquetage de l’oreille.

Ce que dit la science 

L’une des difficultés fondamentales est de pouvoir reconnaître et évaluer la douleur chez le mouton. Il est impossible de mesurer directement ce que l’animal ressent, mais la recherche a contribué à recenser plusieurs réactions physiologiques et comportementales qui fournissent des indications indirectes fiables. La prudence est de mise lorsqu’on utilise des interprétations de l’acuité relative de la douleur infligée par différentes méthodes de caudectomie et/ou de castration, car il est impossible d’en confirmer les conclusions.

Rien n’indique que les agneaux plus jeunes éprouvent moins de douleur après la caudectomie et/ou la castration que les sujets plus vieux.

Caudectomie. Les quatre principales méthodes de caudectomie sont le fer chaud, l’anneau élastique, l’anneau élastique avec pince et la méthode chirurgicale. Il est prouvé que toutes ces méthodes sont douloureuses, mais que l’on peut réduire la douleur au moyen d’une anesthésie locale et/ou en administrant des analgésiques.

Voici les principales conclusions de l’examen des nombreuses études scientifiques sur la caudectomie :

Méthode de l’anneau élastique

  • Les données physiologiques et comportementales laissent croire que la caudectomie à l’aide d’un anneau élastique occasionne une douleur aiguë. Selon certaines données pathologiques, une partie de la douleur subsisterait pendant plusieurs mois.
  • La caudectomie à l’aide d’un anneau élastique seul semble être plus douloureuse que la caudectomie à l’aide soit d’un anneau élastique combiné à une pince, soit du fer chaud employé seul.
  • La caudectomie à l’aide d’un anneau élastique semble être plus douloureuse que la caudectomie chirurgicale, mais les preuves sont contradictoires.
  • Une anesthésie locale du site avant l’application de l’anneau élastique peut réduire les signes de douleur aiguë.
  • Un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), le diclofénac, présente l’avantage de réduire la cortisolémie, mais il n’atténue pas les signes comportementaux de douleur et n’est pas aussi efficace que l’anesthésie locale.

Méthode de l’anneau combiné à une pince

  • Les données physiologiques et comportementales laissent croire que la caudectomie par la méthode de l’anneau élastique combiné à une pince occasionne une douleur aiguë.
  • La caudectomie par la méthode de l’anneau élastique combiné à une pince semble être moins douloureuse que la caudectomie à l’aide d’un anneau élastique seulement.
  • La caudectomie par la méthode de l’anneau élastique combiné à une pince pourrait être plus douloureuse que la caudectomie chirurgicale.

Méthode chirurgicale

  • Les données physiologiques laissent croire que la caudectomie chirurgicale – le fait de couper la queue à l’aide à l’aide d’un couteau ou d’un scalpel – occasionne une douleur aiguë.
  • La caudectomie chirurgicale pourrait être moins douloureuse que la caudectomie à l’aide d’un anneau élastique, mais les preuves sont contradictoires.

Méthode du fer chaud

  • D’autres méthodes de caudectomie, p. ex., l’anneau élastique ou la chirurgie, occasionnent des réactions physiologiques et comportementales aiguës qui ne se manifestent pas autant après la caudectomie au fer chaud.

En présence d’un risque de myiase, certaines études montrent que la caudectomie peut réduire le risque de myiase à la queue.

Lorsqu’on enlève entièrement la queue (en ne laissant que trois vertèbres coccygiennes ou moins), le risque de problèmes est plus important qu’en l’absence de caudectomie. Les agneaux dont la queue est sectionnée à la quatrième vertèbre présentent moins de problèmes que ceux dont le bout de queue restant est plus court.

Castration. Les trois principales méthodes de castration sont l’anneau élastique, la pince (Burdizzo) et la chirurgie. Il est prouvé que toutes ces méthodes sont douloureuses, mais que l’on peut réduire la douleur au moyen d’une anesthésie locale et/ou en administrant des analgésiques.

Voici les principales conclusions de l’examen des nombreuses études scientifiques sur la castration :

Méthode de l’anneau élastique

  • La castration au moyen d’un anneau élastique occasionne des réactions physiologiques et comportementales marquées qui sont signes de douleur aiguë.
  • L’injection d’un anesthésique local dans la base du scrotum et le cordon ou le testicule peut atténuer ces réactions.
  • Un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), la fluxinine, peut atténuer ces réactions.
  • Avant que le scrotum ne tombe (au bout de quatre semaines environ), il reste enflé et semble causer des signes comportementaux d’inconfort.

Méthode de la pince (Burdizzo)

  • Il y a des réactions physiologiques et comportementales à la castration à la pince qui sont des signes de douleur aiguë.
  • L’injection d’un anesthésique local dans la base du scrotum et le cordon peut atténuer ces réactions.

Méthode de la pince et de l’anneau

  • Il y a des réactions physiologiques et comportementales à la castration à la pince qui sont des signes de douleur aiguë.
  • L’injection d’un anesthésique local dans la base du scrotum et le cordon ou le testicule peut atténuer ces réactions.
  • Les réactions à la méthode de la pince et de l’anneau combinés semblent être moins importantes que les réactions à la castration au moyen d’un anneau élastique seul, mais plus importantes que les réactions à la castration par la pince seule.

Méthode chirurgicale

  • Il y a des réactions physiologiques et comportementales à la castration chirurgicale qui sont des signes de douleur aiguë.

La castration peut ne pas être nécessaire chez les agneaux destinés à être abattus à la puberté ou avant.

Étiquetage de l’oreille. Au Canada, tous les moutons doivent être identifiés par une étiquette d’oreille approuvée avant de quitter leur élevage d’origine.

À part la vocalisation et un secouement de la tête chez certains agneaux, la douleur transitoire associée à l’insertion d’une étiquette d’oreille est trop faible pour être mesurée à l’aide des méthodes utilisées pour détecter la douleur causée par d’autres interventions (caudectomie, castration). Toutefois, l’étiquetage de l’oreille cause souvent une réaction inflammatoire qui dure au moins six semaines.

La neige comme source d’eau

L’examen a aussi cherché à déterminer si un accès illimité à la neige est suffisant comme seule source d’eau pour les moutons.

Ce que dit la science. La qualité et la quantité d’eau disponible peuvent avoir une incidence considérable sur le bien-être des moutons. Ces animaux ont des mécanismes physiologiques efficaces pour composer avec les périodes de manque d’eau et sont mieux capables de résister à la privation d’eau que les humains. Cependant, leur bien-être se détériore si leur apport en eau est inadéquat.

Les données scientifiques sont insuffisantes pour formuler des conclusions fermes sur les conséquences pour le bien-être de fournir de la neige comme unique source d’eau aux moutons. L’information limitée dont nous disposons ne fait pas état de graves difficultés lorsque la neige est leur seule source d’alimentation en eau. Toutefois, il faudrait pousser la recherche pour évaluer les conséquences pour le bien-être dans diverses conditions.

Consultez le rapport du Comité scientifique pour avoir des renseignements complets

Le présent Résumé : La science du Code pour les moutons présente les faits saillants des résultats du rapport du Comité scientifique du Code pour les moutons. Le rapport intégral est disponible sur le site Web du CNSAE : www.nfacc.ca/resources/codes-of-practice/sheep/moutons_rapport_cs_oct_2012.pdf.

Le travail du Comité scientifique appuie (mais ne détermine pas) le libellé définitif des exigences et des recommandations précisées dans un code de pratiques. 

Les révisions des codes de pratiques lancées entre 2010 et 2013 s’inscrivent dans le projet « Répondre aux attentes du marché intérieur et international en matière du bien-être des animaux d’élevage », dont le financement est assuré par le programme Agri-flexibilité d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.